Les calvaires
Les calvaires sont mentionnés en Catalogne seulement à partir du Xe s. Ils étaient dressés aux frontières des paroisses, des propriétés privées, ou pour délimiter des cimetières près des églises. En plus de servir de borne, ils pourraient avoir été érigés comme des monuments expiatoires, en signe de vœu collectif ou simplement pour encourager la dévotion. On dit que Jacques Ier d’Aragon stimula la construction de ces monuments partout sur le territoire, mais le fait est que les plus anciens calvaires datent du XIVe s., soit bien après son règne.
Ils n’auraient pas seulement pour fonction de délimiter un territoire, mais aussi de le bénir ; cette connotation religieuse servirait à la fois à accueillir et à indiquer clairement qu’il s’agit là d’une terre chrétienne. Il s’agirait d’un cas de « sémantisation » de l’espace public, visant à indiquer clairement qui commande et quelles sont les valeurs défendues. Il est très significatif en ce sens que ces éléments commencèrent à se multiplier à un moment de rejet croissant des juifs, ou quand la conquête de territoires musulmans était encore bien vivante dans l’imaginaire collectif.
L’expansion des villes fit que de nombreux calvaires, dressés à l’origine à l’extérieur des villages et des villes, se retrouvent intégrés dans les noyaux urbains.
Dans la région de l’Anoia, nous trouvons plusieurs calvaires de type gothique. Les amateurs de ces éléments religieux singuliers pourront suivre la Route des calvaires de l’Anoia :
1) JORBA : Calvaire de 1609. Il conserve des reliefs représentant sur une des faces le Christ en croix et sur l’autre, la Vierge. Sur la partie supérieure du chapiteau on observe quatre scènes de la Passion, et dans le bas, deux saints dans une niche en forme de coquille, un de chaque côté.
2) SANT MARTÍ SESGUEIOLES : Situé à côté de la route, à l’entrée du village, au pied de l’ancien chemin dit strata cardonesa. C’est un calvaire gothique qui représente sur un côté le Christ en croix entouré des symboles des évangélistes et sur l’autre, la Vierge. Le pied, le fût et le chapiteau sont originaux, mais le calvaire à proprement parler est une reproduction fidèle de l’original démoli.
3) SANT MARTÍ DE TOUS : Il est situé face à l’église et fut restauré en 1960. Il présente sur une face le Christ en croix et sur l’autre, la Vierge. Sur le chapiteau sont sculptés plusieurs saints.
4) PRATS DE REI : Devant l’église Madre de Dios del Portal se trouve la reproduction d’un calvaire gothique – l’original est conservé à l’intérieur de l’église paroissial. Il présente, comme à l’accoutumée, le Christ en croix d’un côté et la Vierge de l’autre. Le chapiteau octogonal est orné de représentations de saints.
5) LA LLACUNA : Le calvaire du Llano de la Llacuna date du XVe s. (gothique). Il est situé à côté de la route qui mène à la Llacuna en venant de la route d’Igualada – Querol, à environ 500 mètres de la Llacuna.
6) SANTA MARIA DE MIRALLES : Il est situé en bordure du chemin qui relie la route d’Igualada à la ferme de Françola. De style gothique, il date du XIVe s. Il ne présente pas une forme de croix mais d’étoile ou de médaillon à huit branches. Il est orné, sur une face, du Christ en croix flanqué de deux anges et sur l’autre, de la Vierge à l’enfant, également entre deux anges. Entre la croix et le nœud se trouve le blason des Cervelló, seigneurs du territoire entre les Xe et XVe s. Le chapiteau octogonal présente des formes géométriques. Le fût n’est pas original, il a été ajouté lors de la restauration du monument, en 1940.
7) PUJALT : Calvaire gothique dont seuls sont conservés le fût et le chapiteau octogonal, sur lequel sont représentés des saints. On observe un blason héraldique avec un lapin et des ciseaux.